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digitalisation
14/12/2023

Infrasens insuffle une vie numérique aux bâtiments

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La jeune entreprise haut-valaisanne Infrasens surfe sur la vague de la numérisation et l'utilise de manière ciblée pour collecter des données dans le domaine des infrastructures. Grâce à des capteurs et à son propre logiciel cloud, elle optimise ainsi la surveillance d'ouvrages très complexes tout en simplifiant la gestion des infrastructures – jusqu'à la saisie des robidogs (systèmes d’élimination des déchets canins) dans les communes. Lors d'une visite dans les bureaux de la Sebastiansplatz à Brigue, les têtes pensantes derrière le projet expliquent leurs objectifs et leurs idées.

Infrasens a été fondée par des experts en ingénierie et en informatique au cœur des Alpes suisses, là où les conditions environnementales sont les plus rudes. C'est ainsi que l'entreprise se présente sur son site web. Cela ressemble à une expédition téméraire dans un environnement rude. « C'est bien cela », disent en riant les trois interlocuteurs Dominique Steffen, Rinaldo Burgener et Fabian Zumoberhaus. Certes, le site s'est imposé par l'origine des personnes actives dans l'entreprise, toutes originaires du Haut-Valais, « mais nous avons vraiment les meilleures conditions ici », explique Dominique Steffen, membre du conseil d'administration et responsable de l'ingénierie chez Infrasens AG.

Outre les hautes écoles à proximité et une forte densité de bureaux d'ingénieurs, la nature géologique et le potentiel de dangers naturels ainsi que des projets d'infrastructure passionnants, par exemple grâce aux nombreux ponts de la région, font du site valaisan un environnement de travail captivant pour Infrasens, selon Dominique Steffen. Avec ses services, l'entreprise veut réunir les domaines de la technique, de l'ingénierie et de la numérisation. « Notre objectif est de fusionner les idées de ces différents mondes ». En bref, Infrasens numérise les infrastructures. Pour ce faire, elle s'appuie en premier lieu sur des capteurs et un logiciel cloud qu'elle a elle-même développé.

Éviter les investissements inutiles grâce aux mesures

Pour atteindre cet objectif, Infrasens emprunte différentes voies. Dominique Steffen cite deux idées de base que l'entreprise poursuit. « Nous voulons donner vie aux bâtiments. Pour cela, des données sont collectées par des capteurs et des informations sur leur état sont déterminées. Dans le domaine des infrastructures, il existe encore un grand potentiel dans ce domaine », affirme-t-il avec conviction. « Les bâtiments qui ont pris de l'âge comportent certains risques. Pour les maîtriser, les données recueillies par des capteurs peuvent fournir de précieuses indications ». Des indications qui font cruellement défaut : Selon cet ingénieur de formation, on investit encore nettement trop peu en Suisse pour maintenir la valeur des infrastructures.

La deuxième idée de base concerne la mise à disposition des données collectées pour les bureaux d'ingénieurs et les autorités. Une solution cloud permet de rassembler toutes sortes de données, ce qui facilite l'évaluation et la planification des investissements. Pour cela, des informations provenant de capteurs de différents fabricants peuvent être intégrées, dans la mesure du possible. Rinaldo Burgener, administrateur de logiciels et responsable des ventes, explique l'orientation du cloud : « Lorsque nous avons commencé avec le logiciel, il est rapidement apparu qu'il n'existait rien d'abordable et de réellement utile sur le marché dans le domaine de la gestion des infrastructures. C'est pourquoi nous avons développé notre solution cloud en conséquence ».

De la construction très complexe au Robidog (systèmes d’élimination des déchets canins)

Chez Infrasens, on parle dans ce contexte de démocratisation. « Notre approche prévoit de pouvoir proposer notre plate-forme à grande échelle », explique Dominique Steffen en pensant par exemple aux communes. Certes, il existe depuis longtemps des solutions dans ce domaine, mais la plupart du temps avec des possibilités limitées et sur des aspects isolés. « Nous voulons démocratiser l'offre afin que le plus grand nombre puisse gérer son infrastructure sur une seule plateforme ». Ainsi, sur le logiciel cloud d'Infrasens, il est non seulement possible de surveiller des ouvrages très complexes à l'aide de capteurs, mais aussi de maîtriser des tâches de gestion – apparemment simples.

La saisie des robidogs en est un exemple. « Alors qu'auparavant, chaque robidog était répertorié à la main dans un tableau Excel, il est désormais possible de les saisir dans un outil, de les associer à des données et de les représenter sur une carte. Cela facilite grandement le travail et la planification de la commune », explique Rinaldo Burgener. La sauvegarde des données, le regroupement des informations et l'accès indépendant du lieu via le réseau apportent des avantages. Même pour les ouvrages complexes : « En raison du manque de faits, il n'est pas rare aujourd'hui que les ingénieurs doivent faire des hypothèses très conservatrices. Cela conduit à de mauvais résultats. Ainsi, des ouvrages sont parfois remplacés alors que leur durée de vie n'est pas encore dépassée. Il en résulte des coûts inutilement élevés ».

Mesures sensibles dans une centrale nucléaire

La clientèle d'Infrasens comprend des bureaux d'ingénieurs, mais aussi des communes, le canton ou les entreprises ferroviaires. Depuis sa création en 2018, les mandats se concentrent surtout sur le Valais et Berne. Lorsque l'on parle aux responsables d'Infrasens des étapes franchies jusqu'à présent, on découvre un large éventail de projets intéressants. Le coup d'envoi a été donné par l'introduction d'une surveillance des ponts, combinée à des mesures du niveau des eaux, à Zermatt. Ont suivi des commandes pour l'A9, le développement de la solution cloud pour les communes, l'utilisation de capteurs sur un pont à treillis d'aciérie très fréquenté dans le domaine ferroviaire et enfin – avec de grandes mesures de sécurité – des collectes de données très sensibles lors du démantèlement de la centrale nucléaire de Mühleberg.

Chez Infrasens, on est particulièrement fier d'un appareil de mesure des vibrations développé en interne en 2021. « Il s'agissait de notre premier capteur propre. Une véritable étape pour Infrasens, notamment parce que de tels appareils de mesure sont très complexes », explique Dominique Steffen. Les appareils de mesure des vibrations sont installés dans le cadre de projets de construction afin de pouvoir détecter les vibrations correspondantes lors des travaux, en complément des protocoles de fissures établis au préalable, et de pouvoir procéder à un arrêt des travaux si nécessaire. C'est là que le cloud intervient à nouveau, souligne le développeur de logiciels Fabian Zumoberhaus. « Le cloud rassemble toutes les données pertinentes, du protocole de fissure à la mise à disposition de rapports en passant par les mesures. C'est très utile ».

La numérisation joue en faveur d'Infrasens

Les possibilités de développement d'Infrasens semblent pratiquement illimitées. La numérisation croissante du secteur de la construction joue également en faveur de l'entreprise. Dominique Steffen, qui a lui-même rédigé un mémoire de master sur ce thème il y a quelques années, y voit de nombreuses opportunités. « Aujourd'hui, il est déjà possible de relier numériquement le monde de la construction, l'environnement et l'infrastructure, ce qui simplifie considérablement les processus. Dans une prochaine étape, grâce à l'IA, l'évaluation intelligente des données collectées suivra ». Par ailleurs, il est de plus en plus question d'utiliser les informations des capteurs de manière indirecte. Il cite l'exemple des mesures effectuées sur les ponts-levis qui, en passant, permettent de tirer des conclusions sur le poids des trains et pourraient ainsi être utilisées pour les prévisions de trafic.

Source : WLOG