Bouébot est un robot spécialisé dans la fabrication de la fondue moitié-moitié. Il a été créé à partir d’un savant mélange entre innovation et respect des traditions. Le bouébo – en patois – ou garçon de chalet est un jeune homme qui se rendait dès l’âge de 14 ans dans les chalets d’alpage afin d’aider les armaillis, qui eux s’occupaient des tâches plus lourdes comme la fabrication des fromages.
La réalisation de ce robot-fondue a été confiée à la société Workshop 4.0, basée à Sierre et spécialisée dans la robotique. Elle était déjà à l’origine du « Roboclette ». Rencontre avec Nicolas Fontaine, co-fondateur de Workshop 4.0.
Comment la collaboration avec les acteurs fribourgeois est-elle née ?
En 2019, lors de la présentation du Roboclette à la Foire du Valais, nous avions échangé avec Terroir Fribourg. Ils voulaient dynamiser et rajeunir l'image de la fondue. Workshop 4.0 cherchait un nouveau produit emblématique à valoriser au travers de l'innovation. Sachant qu'une fondue moitié-moitié est composée de Vacherin et de Gruyère, les interprofessions qui représentent ces deux fromages se sont joint à l'aventure. C'est un véritable outil de marketing territorial qui a émergé, que nous allons présenter officiellement à la foire de l'agriculture à Paris le 26 février.
Quels ont été les plus gros défis lors de la programmation du robot ?
Nous avons dû tenir compte de la différence de porosité et de dureté des fromages pour les râper et donc adapter la vitesse et la force du système de préhension, soit la « main » de Bouébot.
Il a fallu ensuite établir des connexions entre la balance et le robot pour obtenir la bonne quantité de fromage. La plaque à induction est également reliée à un thermomètre qui communique avec Bouébot. Cela empêche que la fondue ne brûle.
Quelles expertises Workshop 4.0 a-t-elle pu mettre en avant dans ce projet ?
Évidemment nos capacités de programmation, mais pas seulement. Nous avons aussi réalisé des pièces mécaniques selon les besoins du projet. Et nous avons pu capitaliser sur notre expérience de gestion de projet acquise lors de la création du Roboclette ou de l’Apérobot.
La famille Bouébot est-elle destinée à s'agrandir ?
Nous n'avons pas pour ambition de fabriquer un deuxième Bouébot, ça restera une pièce unique, tout comme le Roboclette. Par contre, nous souhaitons continuer à mettre des produits emblématiques en valeur, par exemple pour du chocolat, des boissons, ou encore la Girolle Tête de moine. Nous aimons valoriser des produits ou des compétences du terroir et ce type de projet nous donne beaucoup de visibilité.
À votre avis, où en est le Valais dans la robotisation de ses chaînes de production ?
La période Covid a permis une prise de conscience. Je pense par exemple au programme DigitMEM de la Fondation The Ark, qui soutient les projets de robotisation. Je constate tout de même que par rapport à l'Autriche ou l'Allemagne, le Valais est un peu à la traine. Le Roboclette ou Bouébot permettront, je l'espère, de démocratiser les technologies robotiques et de donner envie aux entrepreneurs.euses de se lancer dans ce domaine.