L’énergie flexible est une composante centrale du système énergétique actuel. Et pourtant, en cette période de prix très bas sur les marchés énergétiques, elle n’est pas rémunérée à sa juste valeur, selon Nicolas Charton, associé chez E-Cube Strategy Consultants. Elle n’est donc pas encore le nouvel eldorado électrique, d’autant qu’elle doit s’appuyer sur un cadre réglementaire encore à créer.
La flexibilité énergétique peut prendre beaucoup de formes différentes : flexibilité dans le stockage, la production, la consommation. On peut également penser à une flexibilité à très court terme ou de façon saisonnière, à une flexibilité mono-énergie ou multi-énergies, ou encore une flexibilité à la hausse ou à la baisse. « Quoi qu’il en soit, c’est une composante cœur du système énergétique, surtout avec l’arrivée en force des nouvelles énergies renouvelables et la production
décentralisée », selon Nicolas Charton, qui s’exprimait lors de la 6e Journée nationale Smart Energy de Sion.
Au début, la flexibilité du réseau électrique était réglée presque exclusivement par l’hydroélectricité. « Aujourd’hui, les équilibres changent, avec les productions intermittentes. Les équilibres sont plus localisés ». Outre cette décentralisation des équilibres, la digitalisation permet de renforcer la flexibilité de l’énergie. Pourtant, les ouvrages hydroélectriques représentent une offre massive pour la Suisse, d’où les exportations nécessaires. « Aujourd’hui, cette flexibilité n’est pas rémunérée. Depuis 2006, il y a même une réduction massive de la rémunération, et de l’énergie en général. Cela conduit à mettre en difficulté certaines entreprises du domaine ».
Les prix négatifs sur le marché de l’électricité sont une démonstration du manque de flexibilité du système électrique actuel. « Le système ne peut pas s’adapter, donc il paie pour des diminutions de consommation ».
L’effacement de la demande, qui consiste à renoncer à consommer ou consommer à une période précise uniquement, a le vent en poupe actuellement. Plusieurs techniques sont employées par les grands consommateurs, comme le recours à des générateurs diesel, une modulation des températures dans les bâtiments ou du stockage dans les granulats au niveau de certaines industries.
La flexibilité au lieu des investissements
Mais les prix restent également bas. L’autre aspect à prendre en compte est le mécanisme réglementaire, qui est la base de tout ce qui touche à la flexibilité. « Actuellement, on peut envisager de stocker au niveau local au lieu d’investir dans le développement des réseaux de distribution. Or, les distributeurs qui ont investi dans le réseau veulent le rentabiliser et le cadre légal protège cet aspect. »
Mais que peut faire la Suisse pour améliorer la situation au niveau réglementaire ? Elle pourrait par exemple favoriser les échanges transfrontaliers, faire évoluer la RPC ou faire participer les consommateurs dans les systèmes, conclut Nicolas Charton.
Crédit photo : photoval.ch/Valérie Pinauda
Propos recueillis le 8 septembre 2016