Garder un équilibre entre la production et la consommation d’électricité: tel est le défi quotidien des producteurs d’électricité. Cet équilibre est de plus en plus difficile à trouver, en raison des différences entre les pays européens, de l’arrivée des nouvelles énergies renouvelables et de la hausse exponentielle de la consommation. Tel est l’avis de Paul Michellod, directeur de FMV, qui s’exprimait lors de la 5e journée nationale Smart Energy de Sion.
Tous les acteurs de la branche électrique ont une responsabilité d’équilibre du réseau électrique, peu importe la manière de produire. «Nous sommes actuellement dans une phase de transition, qui nous emmène vers monde décentralisé, renouvelable et interconnecté».
La Suisse mise sur l’hydraulique et le nucléaire, avec une montée des nouvelles énergies renouvelables. L’Allemagne a un profil totalement différent avec du charbon, du gaz et du renouvelable. L’Autriche, qui dispose d’un peu d’hydraulique, travaille sans nucléaire et mise sur le gaz, le charbon et le pétrole. En France, 60% de l’énergie est d’origine nucléaire. Chaque pays est indépendant dans son mix énergétique, mais un équilibre doit être maintenu.
L’Allemagne en surproduction quasi constante
L’Allemagne doit jouer avec ses énergies renouvelables, très aléatoires au niveau de la production. Il est dès lors difficile de résoudre l’équation de l’équilibre pour elle. Ce qui fait que l’Allemagne est en surproduction durant la quasi-totalité de l’année. Etant donné qu’il est difficile de stocker de si grandes quantités d’électricité, elle déverse ses surplus sur les pays voisins, avec pour conséquence une chute des prix, parfois proches de zéro.
Cette transition énergétique pose problème aux autres pays, dont la Suisse. «Notre pays doit également composer avec un nouvel élément: la fin du taux plancher». La compétitivité des producteurs suisses a baissé de 10 à 15%, étant donné que tous les prix se négocient en euros. En revanche, pour les consommateurs, il devrait y avoir des baisses de prix. «Mais est-il bien de baisser les prix de quelque chose que l’on veut économiser?», questionne Paul Michellod.
Le défi de l’équilibre au quart d’heure
Le défi est de garder un équilibre au quart d’heure entre la production et la consommation, en intégrant les énergies renouvelables déjà en place, en soutenant les nouvelles énergies (5% du parc de production national), et en remplaçant le plus rapidement possible les énergies non renouvelables (40% au total). Le tout en gardant des prix compétitifs pour l’économie et les ménages. La transition est certes en route, mais il ne faut pas oublier de rééquilibrer tous les éléments.
«La Suisse doit avoir le courage de préserver l’acquis renouvelable, avec notamment un soutien à l’hydraulique». Il faut également trouver rapidement un accord électrique avec l’UE, pour mettre en valeur le potentiel de l’hydraulique suisse et poser de vraies conditions commerciales.