L’ubérisation n’est pas qu’une simple mode et le monde de l’énergie pourrait bien y avoir affaire prochainement. Quoi qu’il arrive, les acteurs du domaine devront s’adapter rapidement, en étant conscients que l’évaluation des prestations est centrale dans le phénomène d’ubérisation. C’est ce qu’a précisé Grégoire Leclercq, co-fondateur de l’Observatoire de l’Ubérisation à l’occasion de la Journée nationale Smart Energy de Sion.
Ubériser, cela signifie déstabiliser et transformer, avec un modèle économique innovant, en tirant parti des nouvelles technologies. « L’évolution sera rapide et il y aura forcément un rapport de forces entre les anciens et nouveaux acteurs », selon Grégoire Leclercq. L’ubérisation mise également sur un émiettement. Dans le domaine de l’énergie, cela peut être des sources d’énergie indépendantes.
L’ubérisation n’est pas une mode passagère puisqu’elle est le fruit d’une convergence de trois révolutions de fond : le numérique (qui monte en puissance depuis 30 ans), la consommation collaborative (avec des clients pressés, exigeants et ne supportant pas la complexité) et la révolution du travail indépendant et flexible.
Difficile de s’ubériser soi-même
Un grand nombre de services (financement, santé, communication…) y sont passés, qu’ils soient très réglementés ou pas. L’énergie ne devrait pas y couper. Dès lors, quelles sont les répercussions de cette tendance pour les acteurs du domaine ? Grégoire Leclercq note que « jamais un acteur traditionnel n’a réussi à s’ubériser soi-même, puisque les manières de travailler sont différentes ». L’ubérisateur va s’appuyer tout d’abord sur une population qui est déçue par les offres d’un secteur, puis sur la création d’une plateforme numérique peu coûteuse. Il a recours ensuite à des ressources de travail externes. Enfin, il y a aussi un enjeu de masse critique, au niveau de l’offre et de la demande.
L’évaluation de la prestation est également centrale. Elle a beaucoup de valeur puisqu’elle est faite par les autres utilisateurs et non pas les propriétaires du service. Dans un modèle « ubérisé », le consommateur fait tout ou presque.
Quoi qu’il en soit, les acteurs de l’énergie doivent se mettre ensemble autour d’un nouveau modèle. « Cela va très vite et les entreprises sont souvent peu préparées au rapport de force qui se met en place lors de l’apparition d’un modèle ubérisé ».
Modèles économiques au centre
Reste qu’aujourd’hui, l’entreprise Uber n’est pas rentable. AirBnB l’est presque. « Il y aura certainement un effet bulle, puisque l’on ne peut pas vivre sans être rentable », tempère Grégoire Leclercq. Les modèles économiques sont donc centraux et doivent correspondre aux attentes des consommateurs.
Crédit photo : photoval.ch/Valérie Pinauda
Propos recueillis le 8 septembre 2016