Rien n’est simple dans le monde actuel de l’énergie. Pour illustrer cette complexité, Paul Michellod, directeur général de FMV, a évoqué quelques controverses et réalités à l’occasion de la 4e édition de la journée nationale Smart Energy de Sion.
Tout d’abord, on peut se demande qu’est-ce qui est réellement renouvelable? «Est-ce qu’un panneau renouvelable chinois est renouvelable? Est-ce qu’une éolienne, à la durée de vie limitée, est renouvelable?», se demande Paul Michellod. Une autre controverse est la différence faite actuellement entre les «anciennes» énergies renouvelables (dont l’hydraulique) et les nouvelles (PV, éolien…). A l’heure actuelle, seules les nouvelles énergies renouvelables bénéficient d’un effort politique pour leur soutien.
Confier le stockage aussi au niveau local
Par ailleurs, l’électricité est toujours difficilement stockable. C’est un fait. Comment veut-on la stocker: de manière centralisée, grâce notamment aux ouvrages de pompage-turbinage ou de manière décentralisée grâce à des batteries réparties sur tout le territoire?
Paul Michellod évoque une piste: on pourrait passer vers de la production décentralisée. «En sus du pompage-turbinage, on confiera la responsabilité du stockage aussi au niveau local, afin que la consommation sur place soit plus intelligente» . La consommation de pointe de 06h30 à 07h30 restera. Votre rasoir électrique de 06h45 pourrait être alimenté par un stockage local, préparé pendant la nuit avec l’éolien ou la veille avec le solaire”.
Au final, l’équilibre se fera par couche, le solde manquant de chaque niveau – local, régional, national et international – étant pris en charge par le niveau supérieur. Les nouvelles technologies doivent être soutenues, mais pas le produit de celle-ci. Selon Paul Michellod, il s’agit de subventionner la recherche et non le produit final.
Beaucoup de questions… autant d’options possibles
D’autres controverses sont également en cours au niveau du transport d’énergie. Faut-il privilégier des réseaux enterrés ou aériens? En d’autres termes, doit-on donner priorité à l’aménagement du territoire ou la sécurité d’approvisionnement?
Du côté de la consommation, faut-il privilégier le prix du marché ou des tarifs responsables pour les consommateurs? Les clients doivent-ils être libres ou rester captifs par rapport à leurs fournisseurs d’énergie? Faut-il subventionner ou alors taxer certaines énergies?
Enfin, au niveau politique, faut-il privilégier l’approche industrielle, qui laisse le marché faire de l’ordre, ou faut-il un monopole contrôlé? Est-il nécessaire d’accélérer l’intégration dans l’UE ou tendre vers l’autarcie énergétique? Et si l’on opte pour cette dernière, a-t-on les moyens d’y parvenir?
S’adapter ou… disparaître
Par le biais de ce simple questionnement, toute une série d’équilibres est remise en question. Une chose est sûre: le domaine est complexe et chaque intervention dans un secteur a des répercussions dans d’autres.
FMV est l’un des 1’000 acteurs indépendants du domaine électrique en Suisse, rappelle Paul Michellod. Ce dernier est ouvert au changement. “Nous devons nous adapter sinon c’est la disparition”. Il convient toutefois de faire attention aux contraintes physiques des réseaux électriques. Celles-ci resteront, quoi qu’il arrive.